Position des kivutiens sur l'après Sun City



Title: Position des kivutiens sur l'après Sun City



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source: SIMA-Kivu
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POSITION DES CONGOLAIS DU KIVU CONCERNANT
LA SITUATION DU PAYS APRÈS L'ACCORD DE SUN CITY
 
 
Notre association SIMA-KIVU (Soutien aux Initiatives des Mouvements Actifs au Kivu) est une organisation de droit belge existant depuis douze ans. Elle sert d'interface aux organisations de la Société civile du Kivu en République Démocratique du Congo avec différents partenaires en Europe.
 
A ce titre, nous voulons traduire l'opinion des populations des provinces occupées et des ressortissants congolais du Kivu en Belgique sur la situation de notre pays à la suite du dialogue intercongolais qui vient de s'achever à Sun City, en Afrique du Sud.
 
Comme la majorité du peuple congolais, tout en nous félicitant de l'accord partiel de gestion de la Transition qui a recueilli l'assentiment d'une large majorité des participants au dialogue intercongolais et constitue un premier pas vers le retour de la paix, nous regrettons que cet accord n'ait pas impliqué tous les acteurs majeurs de la guerre du Congo, en particulier le RCD-Goma et l'U.D.P.S. Et nous condamnons l'option prise par ces derniers de poursuivre la guerre, car celle-ci prolonge l'enfer dans lequel vivent les populations de l'Est depuis six ans.
 
Deux événements survenus ce mardi 14 mai 2002 sont venus illustrer à quel point les conséquences immédiates de cette situation sont désastreuses pour les Congolais. Il s'agit d'abord du massacre de la population civile de la ville de Kisangani (55 morts au moins) par les soldats de l'armée patriotique rwandaise et du RCD, à la suite d'une mutinerie intervenue au sein de ces forces armées. Il s'agit ensuite de l'information révélée notamment par l'AFP, selon laquelle « une mission du Conseil de sécurité de l'ONU a recommandé que des troupes du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi soient déployées le long de la frontière intérieure du Congo pour défendre leurs pays contre d'éventuelles attaques menées par des rebelles ».
 
Monsieur Jean-David Levitte, ambassadeur de France à l'ONU, qui conduisait cette délégation en Afrique centrale entre le 27 avril et le 7 mai 2002 a déclaré au Conseil de Sécurité que « la création d'un ¾rideau¾ de troupes le long de la frontière orientale du Congo constituerait une étape intérimaire avant le retrait complet des troupes étrangères ». Et le diplomate d'ajouter : « Trois pays ont un problème de sécurité : l'Ouganda, le Burundi, et surtout le Rwanda. L'idée, c'est commencer le retrait progressif des troupes étrangères, à l'exception de ces trois pays, pour un temps limité et dans des zones limitées le long des frontières ».
 
Notre association tient à dénoncer vigoureusement cette proposition cynique - à laquelle le gouvernement de Kinshasa aurait souscrit - parce qu'elle ignore le droit à la sécurité du Congolais, elle détourne le processus de paix de sa trajectoire, et elle constitue une caution internationale à l'occupation du Congo sous des prétextes sécuritaires avancés par les pays agresseurs.
 
Primo : la création de « couloirs tampons » aux frontières orientales ne figure dans aucune des mesures préconisées pour mettre fin à l'occupation du Congo par ses trois voisins. Nous craignons que cette proposition ne soit destinée à enterrer l'accord de cessez-le-feu de Lusaka et les différentes résolutions du Conseil de Sécurité de l'ONU obligeant le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi à se retirer « sans délai » du territoire congolais.
 
 
Secundo : comment envisage-t-on le déploiement le long des frontières intérieures du Congo de troupes d'agression, celles-là même qui sont à la base de crimes odieux sur la population civile et qui ont exprimé des ambitions expansionnistes sur le territoire congolais ? Pour les populations du Kivu, ce plan cache mal une caution à l'annexion d'une partie du Congo par les trois pays voisins, spécialement le Rwanda.

 
Tertio : l'existence de ce plan de « zones tampons », d'une part, le rejet de l'accord de Sun City par le facilitateur Masire, le président sud-africain Thambo Mbeki et le président rwandais Kagame, d'autre part, démontrent à suffisance qu'en dépit des efforts des Congolais pour régler leurs différends, l'épicentre de cette guerre se trouve bel et bien à l'extérieur du Congo.
 
Au regard de ce qui précède, notre association formule les recommandations ci-après :
 
1.        Nous croyons que l'accord signé entre le gouvernement de la  RDC et le MLC a la capacité de résoudre la dimension interne de la crise, à condition qu'il implique tout le monde. A cet effet, nous invitons les autorités de Kinshasa à s'abstenir d'attitudes triomphalistes et nous lui rappelons qu'une fois de plus ce sont les populations des provinces occupées qui demeurent abandonnées entre les mains des armées d'occupation et de leurs collaborateurs du RCD-Goma et de l'UDPS.
2.        Nous en appelons à la responsabilité des uns et des autres pour que tous les moyens soient mis en ¦uvre rapidement en vue d'impliquer tous les acteurs congolais de la crise dans le partage du pouvoir pendant la Transition.
3.        Nous rejetons avec force toute initiative tendant à installer des « couloirs tampons » au Congo et invitons le gouvernement congolais à dénoncer et à rejeter purement et simplement cette proposition et à revenir à la dynamique de Sun City.
4.        Nous rappelons donc au Conseil de sécurité des Nations unies son obligation d'appliquer ses propres résolutions, et l'invitons à mettre en ¦uvre les mécanismes prévus au chapitre VII de la Charte de l'ONU pour obtenir « le retrait sans délai des armées rwandaise, burundaise et ougandaise » du territoire congolais.
5.        Nous demandons que dès maintenant, en échange de ce retrait, le gouvernement congolais s'engage solennellement à coopérer avec la MONUC pour le recensement et le désarmement des combattants hutus Rwandais et autres rebelles burundais et ougandais se trouvant sur le territoire congolais et à les mettre sous la responsabilité de la communauté internationale.
                   
                                                      
                                   Fait à Bruxelles, le 17 mai 2002.
 
                         SIMA-KIVU, a.s.b.l.


                     
 
 
 







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