Madagascar: "Groupe de reflexion" fa appello alla comunità internazionale



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Fonte:
"Madagascar Tribune" N° 3998 du Mercredi 06 Mars 2002
http://www.madagascar-tribune.com/archives/3998/sommaire/index.html
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CRISE POLITIQUE
APPEL À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE


  "Face à la désinformation induisant en erreur l'opinion
internationale, il s'avère indispensable d'apporter les éclaircissements
qui s'imposent en vue d'une vision objective sur les tenants et
aboutissants de la crise politique qui prévaut actuellement à Madagascar
  Après 42 ans d'indépendance, Madagascar figure actuellement parmi les
pays les plus pauvres du monde.
  Le produit intérieur brut par habitant ne dépasse pas les 250 USD par
an. Le régime Ratsiraka, au pouvoir depuis 22 ans ne saurait être
épargné de sa responsabilité sur la situation critique du niveau de vie
actuel du malgache.
  Eu égard aux potentialités du pays en matière de ressources naturelles
et humaines, la situation de pauvreté qui prévaut, résulte en grande
partie de la mauvaise gouvernance des dirigeants caractérisée par :
  - l'acuité de la corruption
  - l'ampleur de malversations de tout bord ( à ne citer que les 350
Milliards de Fmg retirés en liquide de la Banque Centrale via le Trésor
Public entre le 22/12/01 et le 25/01/02).
  - le népotisme et les divers passe-droits dans l'entourage du pouvoir.
  L'aide internationale, malgré son importance, a été en permanence
détournée de son objet, si bien qu'elle n'avait contribué que d'une
manière marginale à la croissance et au développement du pays. Elle
s'est traduite essentiellement à un lourd endettement dont le niveau
actuel estimé à 3 Milliards USD atteint le seuil de supportabilité pour
l'économie de Madagascar.
  L'erreur de stratégie et l'incapacité des dirigeants d'assurer la
bonne gouvernance n'ont cesse de cultiver le sentiment de frustration du
malgache qui aspire profondément au changement La passivité apparente du
malgache ne traduit nullement ni une résignation face à la situation de
pauvreté qui prévaut ni l'acceptation fataliste de la déchéance de sa
dignité.
Seulement, la pacifité de l'âme malgache et l'esprit du "fihavanana"
(primauté de la relation sociale) l'interdisent de recourir aux coups de
force tel qu'on relève dans d'autres pays sous-développés. Le malgache a
opté pour la voie des urnes pour assouvir pacifiquement sa soif de
changement.
  Le scrutin présidentiel du 16 décembre 2001 a été l'occasion pour la
population de manifester son rejet du pouvoir en place et illustre sa
détermination pour l'alternance â travers :
  - le taux de participation exceptionnellement élevé autour de 65% dans
l'histoire des élections à Madagascar
  - le vote massif en faveur d'un candidat leader face au président
candidat.
Malheureusement, les résultats officiels du scrutin affichés par les
Autorités n'ont pas reflété l'expression réelle du vote des électeurs
( 46,21% pour Marc Ravalomanana, 40,89% pour Didier Ratsiraka et les 13%
restants repartis entre les 4 autres candidats) Les résultats ont été
biaisés par les fraudes perpétrées par les tenants du pouvoir et
préparées de longue date à travers :
  - la promulgation d'un code électoral, façonné selon les intérêts du
régime en place, celui proposé par la Confédération des Eglises
Chrétiennes à Madagascar (FFKM) a été purement et simplement refusé par
le Gouvernement
  - une préparation délibérément laxiste des élections depuis
l'établissement des listes électorales jusqu'à la collecte et
l'affichage des résultats.
  - la nomination, à quelques jours du scrutin, de nouveaux membres
proches du Pouvoir au sein de la Haute Cour Constitutionnelle ; à cet
effet, l'Union Européenne a dejà fait part de son scepticisme quant à la
garantie d'impartialité de cette « Haute Cour » en tant que juge suprême
électoral dans la mesure où tous les membres sont nommés par le
Président ou par ses proches ( cf: Résolution du Parlement Européen
suite à la déclaration de la Présidence de l'Union Européenne du
22/11/01 concernant les élections présidentielles malgaches)
  - le refus du Gouvernement d'autoriser la présence d'observateurs
internationaux,
  La contestation des résultats officiels affichés par le Pouvoir a
amené la population à reclamer la confrontation des Procès Verbaux,
bureau de vote par bureau de vote, détenus par la HCC avec ceux à la
disposition des délégués de chaque candidat. Les partisans du Pouvoir
ont refusé catégoriquement d'accèder à la demande des électeurs.
  Le rejet par la population des résultats officiels du scrutin du
premier tour et le refus du Pouvoir de procéder à l'interprétation
commune des résultats, ainsi que son obstination à procèder à un
deuxième tour, sont les causes intrinsèques de la crise politique qui
prévaut actuellement à Madagascar.
Malgré les médiations des Parlementaires francophones, de l'OUA et de
l'ONU, le Pouvoir en place n'a pas fléchi de sa position. Le candidat
Marc Ravalomanana a puisé tous les voies et moyens pour négocier la
transparence et la sincérité du scrutin réclamée par les électeurs
Pressé par la population et face à l'intransigeance du Pouvoir, le
candidat Marc Ravalomanana a été contraint de se soumettre à
l'investiture exigée par les électeurs, il ne s'agit nullement d'une
auto-proclamation tel qu'il est perçu par la Communauté mternationale.
L'investiture du 22/02/02 ne constitue qu'une première étape de la
légalisation des résultats légitimes du scrutin dont la sincérité a été
délibérément bafouée par les partisans du Président candidat.
  De ce qui précède, nous implorons les Chancelleries présentes à
Madagascar ainsi que l'opinion internationale de bien vouloir revoir
leur perception et réviser leur position vis à vis de la crise politique
actuelle".




GROUPE DE REFLEXION DE MADAGASCAR