Articolo di Le Monde sulla marcia



Plus de deux cent mille personnes marchent pour la paix en Italie
Entre Pérouse et Assise, les manifestants se sont retrouvés sous des
banderoles "non à la guerre, non au terrorisme", sans que le moindre
incident ne vienne perturber le traditionnel défilé.
ASSISE (Ombrie) de notre envoyée spéciale

"200 000", "300 000", les quotidiens de lundi saluent avec leurs évaluations
l'énorme succès de la veille, dimanche 14 octobre, de la "Marche pour la
paix" entre Pérouse et Assise.

  Sur 24 kilomètres, plus de deux cent mille marcheurs ont dit "Stop à la
guerre", exprimé qui ses doutes, qui son refus absolu face aux attaques
menées depuis dix jours par les forces américaines et anglaises contre Ben
Laden et ses supporters talibans. La route est celle qu'emprunta jadis saint
François d'Assise, fondateur de l'ordre des franciscains et prédicateur
itinérant voué à la pauvreté. C'est depuis 1961, date de sa création par la
gauche italienne, la route de cette marche pour la paix. Mais jamais, depuis
la fin de la guerre froide, même pas lors des bombardements au Kosovo
auxquels participait l'Italie, l'événement n'a connu une telle affluence.

Le rendez-vous national à Naples fin septembre avait réuni moins de dix
mille manifestants, essentiellement des militants de Refondation communiste
(extrême gauche) appuyés par quelques-uns de leurs alliés antiglobalisation
du Genoa Social Forum (GSF). Dans la semaine qui a précédé la marche
d'Assise, se battre pour la paix est apparu encore plus problématique, la
gauche parlementaire de la coalition de L'Olivier, au contraire des Verts et
de Refondation, ayant voté aux côtés de la droite le soutien italien aux
Américains dans leur chasse aux terroristes de Ben Laden. Les divisions ont
aussi déchiré les rangs catholiques, où se situe par tradition la seconde
composante du mouvement pacifiste de la péninsule, le plus fort en Europe.
Alors comment expliquer l'heureuse surprise des organisateurs qui avaient
annoncé cent mille participants comme un plafond idéal ? Même le quotidien
appartenant à la famille Berlusconi Il Giornale estime ce lundi à deux cent
mille le nombre de marcheurs.

Des pacifistes du GSF, autour de Vittorio Agnoletto et Luca Casarini,
fermement opposés à toute attaque, ont défilé au coude à coude aux côtés des
pacifistes, nombreux, qui tout en exprimant leurs "doutes", ne rejetaient
pas l'attaque américaine mais voulaient "qu'elle cesse maintenant". Les "Non
à la guerre, non au terrorisme" ont permis de ressouder les rangs. Personne
n'a voulu taire son point de vue, la diversité était extrême puisque les
divergences sont réelles et affichées.

Sans doute est-ce là le secret de cette affluence record. Son message a fait
mouche, en ces temps où, pour les gouvernants, il serait plus confortable de
"parler d'une seule voix", comme l'avaient souhaité lors du débat
parlementaire les dirigeants de L'Olivier.

A 5 kilomètres de Pérouse, au pont de bois de Ponte San Giovanni, des cris
de "Honte ! Honte !", "Assassins !" ont d'ailleurs été lancés à l'adresse de
Massimo D'Alema, ancien premier ministre de L'Olivier et actuel président
des Démocrates de gauche. Mais, contrairement aux Cassandre qui prédisaient
une réédition des violences de Gênes, il n'y eut aucun incident : "Encore un
miracle de saint François d'Assise" plaisantaient certains, qui n'ont pas
apprécié le jugement porté la veille par le quotidien du Vatican,
l'Osservatore Romano, qualifiant d'"indignes les divisions à propos de cette
marche".

La diversité d'Assise a favorisé le débat pour la paix : des rendez-vous ont
été pris dans chacune des composantes de la Marche pour dialoguer entre
interventionnistes et pacifistes purs et durs.

Danielle Rouard


Nello

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