Rwanda-Cell en pays conquis

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> RWANDA-CELL EN PAYS CONQUIS
>
> Tous ceux qui ont eu à appeler ces trois dernières
> années Bukavu ou Goma à l'Est de la République
> Démocratique du Congo (R.D.C.) ont eu ce fameux
> répondeur au bout du fil. Et, chaque fois, ils ont dû
> se demander si Goma et Bukavu faisaient toujours
> partie de la R.D.C. Manque de délicatesse ou simple
> provocation, Rwanda-Cell utilise le Kinyarwanda,
> l'Anglais et rarement le Français sur son répondeur
> automatique. Il faut désormais composer le préfixe du
> Rwanda -le 00250- au lieu de celui de la R.D.C. - le
> 00243- pour avoir ces deux villes.
>   Les Bukaviens et les Gomatraciens doivent débourser
> chacun US$ 5.5  d'abonnement chaque mois s'ils veulent
> avoir  le privilège d'être branché sur le réseau. Dans
> ce pays où le téléphone fixe n'existe plus depuis des
> décennies, ils ont vite adopté le portable. Il y en a
> des toutes les dimensions, de toutes les couleurs. Le
> petit appareil est fièrement arboré dans les bureaux,
> les marchés, les églises, les classes, les taxis.
>   Les moins fortunés ont inventé un système d'appel
> original : ils se contentent de « biper » le
> correspondant. On forme le numéro, on laisse sonner
> une fois, puis on arrête et on attend  d'être rappelé.
>   On économise ainsi le prix d'une communication locale
> facturée à trente cents ($0.30, tout est dollarisé ici
> !) la minute. Kigali, Goma et Bukavu se retrouvent
> dans le même périmètre cellulaire Rwanda-Cell.
> Certains tentent de biper les parents se trouvant à
> l'étranger mais l'astuce ne semble pas marcher. Pour
> appeler l'étranger, il faut absolument payer au moins
> un dollar la minute. On peut même appeler Kinshasa.
> Mais il faut entrer dans l'International.
> Rwanda-Cell a pénétré en R.D.C. en catimini. Il n'a
> érigé ni siège social, ni filiale, ni agence. Les
> installations placées de l'autre côté de la frontière
> lui permettent d'arroser Bukavu et Goma. Cette
> compagnie n'a pas eu besoin d'une licence pour se
> déployer dans le pays. On sait qu'en Afrique une
> licence se négocie autour de 30 à 50 dollars
> américains par habitant du pays concerné. Rwanda-Cell
> ne paye aucun impôt : ni la C.C.A. (contribution sur
> le chiffre d'affaire), ni l'impôt sur salaires, ni
> l'impôt sur les bénéfice, ni aucune autre taxe. Ses
> cartes d'appel et d'abonnement sont sans doute la
> seule marchandise exonérée des droits de douane.
>
> R-Cell, receleur
>
> Pourquoi donc tant d'avantages accordés à une
> entreprise privée ? On comprend mieux lorsqu'on
> apprend que Rwanda-Cell, en abrégé R-Cell, a comme
> actionnaire principal le F.P.R. (Front Patriotique
> Rwandais) qui est représenté au Conseil
> d'Administration par Monsieur Murigande son Secrétaire
> Général. Le FPR est ici associé à la Sud-Africaine
> M.T.N. C'est peut-être une première dans l'histoire du
> capitalisme qu'une telle combinaison a lieu. Le FPR
> détiendrait 80% du capital . Certains disent que
> Murigande est en réalité le représentant des intérêts
> personnels du président Paul Kagame. L'occupation du
> Congo par l'Armée Patriotique Rwandaise trouve aussi
> sa raison d'être dans cette imbrication des intérêts
> personnels de la minorité Tutsi au pouvoir au Rwanda
> mêlés aux prétendues raisons sécuritaires.
> Bukavu est, après Kigali, la ville qui compte le plus
> grand nombre d'abonnés au réseau R-Cell.  Au total les
> Congolais connectés sont plus nombreux que les
> Rwandais, cela malgré le monopole de R-Cell sur la
> téléphonie cellulaire du Rwanda. Au Rwanda, en effet,
> on utilise plus souvent le téléphone fixe de Rwandatél
> qui marche bien. La fin des activités en R.D.C. serait
> un coup dur pour R-Cell.
> Comme l'appétit vient en mangeant, on n'a pas été
> surpris d'apprendre l'annonce de la prochaine
> installation de 15000 lignes téléphoniques fixes par
> Rwandatél à Goma et à Bukavu. A l'heure des
> négociations inter-congolaises de Sun-City, Rwandatél
> s'installe précipitamment au Congo, la protection des
> investissements rwandais pouvant devenir le prochain
> prétexte du maintien de l'armée d'occupation.
>
>   ANONYME                Bukavu, mars 2002.







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